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article 1:
source: http://www.onnouscachetout.com/themes/societe/creatifs-culturels.php
    L'émergence des Créatifs culturels,
    enquête sur les acteurs d'un changement de société,
      Paul H. Ray, .herry Ruth Anderson, éditions Yves Michel, 2001
      (publication aux Etats-Unis : 2000).
 

1- Les militants nouveaux sont arrivés
____________________________________________________________

Par Sylvain Marcelli

Ils sont des millions à vouloir changer le monde

Deux chercheurs américains affirment, au terme d'une longue enquête, que les
pays occidentaux vivent actuellement un important changement de société.
D'après eux, des millions de personnes prennent leurs distances, dans leur
vie personnelle et sociale, avec la société de consommation. Ouverts aux
valeurs de l'écologie, adeptes du développement personnel, soucieux de
remettre l'humain au coeur de la société, ceux que le sociologue Paul H. Ray
et la psychologue Sherry Ruth Anderson nomment les « Créatifs culturels »
pourraient sauver la planète d'une destruction programmée.
Le scoop est énorme : aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, nous serions en
train de vivre un profond changement de société, une transformation radicale
de notre civilisation, sans en avoir
conscience. A en croire L'émergence des Créatifs culturels, près de 50
millions d'Américains partagent des idées que l'on qualifie d'ordinaire
d'"alternatives". Voilà qui s'avère sacrément réconfortant.
Voilà aussi qui permet de sortir du mythe, soigneusement entretenu par les
militants professionnels, de l'éternelle minorité qui tente d'éveiller une
majorité constituée d'abrutis avachis devant leurs
télévisions.

Au terme d'une enquête de treize ans menée auprès de près de 100 000
personnes, l'équipe dirigée par le sociologue Paul H. Ray et la psychologue
Sherry Ruth Anderson a identifié, au coeur de la société américaine, un
courant culturel radicalement nouveau. Les chercheurs ont donné à cette
population qui réprésenterait le quart environ des citoyens américains le
nom de "Créatifs culturels". Un drôle de concept, qui sonne sans doute mieux
dans sa langue d'origine, mais qui dit bien ce qu'il désigne : les "Créatifs
culturels" créent au jour le jour, par leur manière de vivre, de penser,
d'agir, une nouvelle culture, qui concilie le souci de l'écologie, le
développement personnel et spirituel, le recours à une alimentation et une
médecine saine, et des valeurs de tolérance et de respect.

2 Un nouveau Gulf Stream

Loin d'être «un ensemble éparpillé et sans cohérence de cours sensibles, de
bons samaritains et de "moi d'abord"», les Créatifs culturels sont, d'après
les chercheurs, «la manifestation d'une lente
convergence de mouvements et de courants jusqu'alors distincts vers une
profonde modification de notre société» : «C'est un peu comme si une
centaine de rivières d'Amérique du Nord se jetaient dans l'Océan Atlantique.
Chauffées par le soleil, elles créent un nouveau Gulf Stream qui s'étend
jusqu'en Europe. A la surface, ce courant est presque invisible, parce que,
contrairement aux rivières, il n'a pas de berges, pas de limites tangibles.
En plein coeur de l'océan, au sein de ce courant, se développent des formes
de vies tout à fait nouvelles. Il nous semble que c'est à peu près ce qui se
passe actuellement dans notre société»: différentes influences sont en train
de converger et cette convergence est à l'origine d'un grand changement
général.»

Le point de vue de Ray et d'Anderson est celui de chercheurs en sciences
humaines - et ça change tout. Mettant délibérément de côté les soubresauts
de l'actualité, les deux auteurs prennent de la
hauteur. Leur démarche tranche volontairement avec la vision développée par
les médias» : «Il n'est pas surprenant que la plupart des politiciens,
historiens et commentateurs, notamment des médias, ne comprennent pas
vraiment ce qui se passe.» En effet, ces témoins et acteurs ont l'oeil collé
à l'événement et n'accordent aucune attention à son contexte. Un exemple
pris dans l'actualité récente illustre cette myopie : le sommet de
Johannesburg a montré combien les chefs d'Etat du monde ont une vision
courte de l'avenir. Mais il ne reflète certainement pas la sensibilité des
opinions publiques, beaucoup plus préoccupées que leurs mandataires par
l'avenir de la planète. Or, les multitudes qui habitent cette terre ont plus
de pouvoir que Georges Bush.

En raison de leur fonctionnement actuel, les médias ont les plus grandes
peines du monde à adopter une approche transversale des problèmes. Ray et
Anderson ont cette image amusante : «Comme Marlon Brando dans On the
Waterfront (Sur les quais), les experts veulent savoir "qui sont les
combattants du match ?"» Lorsqu'ils organisent un débat, les médias
cherchent toujours à radicaliser les positions des uns et des autres pour
mieux renvoyer dos à dos les points de vue.
Englués dans une logique de confrontation, ils sont dès lors incapables de
rendre compte de ceux qui sont force de proposition. Il y a fort à parier
que, s'ils n'avaient jamais organisés de contre-sommets, les militants pour
une autre mondialisation ne seraient jamais apparus sur nos écrans.
D'ailleurs, quel média parle de ces militants et de leurs organisations en
dehors des grands
rendez-vous contestataires?

3 Une fausse marginalité

Voilà pourquoi les «Créatifs culturels» n'apparaissent que très rarement
dans les journaux et sont complètement ignorés des principaux acteurs de la
vie publique. Deux autres grandes catégories sociales, selon Ray et
Anderson, occupent le devant de la scène, dans une logique de confrontation.
Les «Modernistes», en position dominante, agissent au nom du libéralisme et
du progrès technologique et ne tiennent pas compte des répercussions que la
course à la modernité peut avoir sur la planète. Ils ont «tendance à penser
que la vie sociale et économique peut être résumée en chiffres»: recensement
des populations et montants financiers. On discute des tendances de
croissance dans toutes les publications, comme si celle-ci était ce qu'il y
a de plus fascinant et de plus réel dans la vie de tous les jours. Or,
derrière ces discussions se cache un présupposé très fort,
même si généralement il reste inavoué»: la société et ses structures ne
changeront pas.» S'opposent à cette vision du monde les «Traditionnalistes»
qui prônent un retour aux vieilles valeurs, à la
tradition, aux habitudes et aux comportements du passé. Cette manière de
diviser la population américaine offre une grille d'analyse convaincante des
courants qui s'affrontent dans nos sociétés
occidentales. Elle peut sembler caricaturale; elle est, bien entendu,
longuement étayée dans le livre.

Même s'ils sont invisibles, les Créatifs culturels ne viennent pas de nulle
part; il ne s'agit en aucun cas d'une génération spontanée. Ray et Anderson
se sont penchés sur l'histoire des mouvements sociaux des cinquante
dernières années pour en découvrir les racines. Une démarche salutaire. En
effet, les Créatifs culturels, comme tous ceux qui ont un véritable intérêt
pour les évolutions de la conscience, se retrouvent confrontés à une
situation qui rappelle celle à laquelle des générations de femmes artistes
et écrivains ont été confrontés.
Personne n'ayant préservé l'héritage de ce que les femmes elles-mêmes
écrivaient sur leur propre expérience, ce qu'elles avaient créé et pensé au
cours des siècles, pour chaque nouvelle génération de femmes, ce fut comme
si tout était à refaire, comme si rien d'important n'avait jamais été
réalisé dans ce domaine. Des générations de femmes eurent à faire, à défaire
et refaire encore la toile de leur compréhension du monde et d'elles-mêmes,
à l'infini. Les Créatifs culturels aussi sont constamment obligés d'inventer
et de réinventer les bases qui leur permettent de vivre comme ils
l'entendent. Prendre conscience qu'ils font partie d'une histoire leur
permettra sans doute de ne pas répéter les erreurs de leurs aînés et donc
d'avancer - en somme, de gagner une maturité.

Ray et Anderson expliquent avec finesse la manière dont le mouvement
féministe, le mouvement pacifiste et le mouvement de libération des Noirs se
sont imposés dans les années 60 sur la scène politique et sociale et ont
imposé sur le long terme une autre façon de voir les choses. En effet,
contrairement à ce qu'on affirme souvent, ces mouvements subsistent, de
manière souterraine. Il ne suffit pas de ne pas les voir pour croire qu'ils
n'existent plus : On connaît le début de l'histoire, mais l'on pense que ces
décennies de grands rêves sont bel et bien révolues, passées, et dépassée,
puisqu'on ne voit désormais plus rien de la sorte à la télévision. On ne se
rend pas du tout compte de tout ce qui s'est produit ensuite - comment des
mouvements pionniers, et ceux qui ont suivi, ont changé et modelé les vies
de ceux qui sont les Créatifs culturels d'aujourd'hui. Et ainsi, les
Créatifs culturels eux-mêmes, finalement, ne savent même pas que c'est en
fait de là qu'ils viennent. Et comme tout peuple dépourvu d'histoire, ils
s'imaginent être des marginaux, des étrangers, des gens
de l'extérieur, des "pas d'ici", comme les pièces d'un puzzle qui ne
trouveraient pas leur place dans un ensemble qui a l'air tout à fait complet
sans elles.»

4 Découvrir ses propres solutions

Nous pouvons avoir l'impression de vivre actuellement une période majeure de
régression, alors que, sur le continent américain, le gouvernement Bush se
montre particulièrement va-t-en-guerre et hostile à toute mesure
pro-environnement, et que, sur le continent européen, l'extrême-droite
progresse de manière inquiétante dans les urnes. Une autre lecture (plus
optimiste) des événements consiste à penser qu'il s'agit là de tentatives
désespérées de la part des mouvements réactionnaires de reprendre le
contrôle d'une situation qui leur échappe. En effet, certaines questions
aussi importantes que le danger nucléaire, la place des femmes dans la
société, le racisme ou la qualité de l'alimentation, hier marginales,
méconnues de l'opinion politique, sont devenues des préoccupations largement
partagées par l'ensemble des sociétés occidentales. Un bon nombre des
problèmes
sociaux qui étaient tolérés ou tout simplement admis avant les années 60
sont devenus de nos jours tout bonnement inacceptables, confirment Ray et
Anderson. (.) Quel que soit votre âge, vous serez probablement surpris de
voir ce que l'on considérait comme "normal" aussi récemment que dans les
années 50 ou 60. A l'appui de cette affirmation, les chercheurs proposent
une liste de comportements passés. Effectivement assez stupéfiante !

Il ne faut donc pas sous-estimer l'ampleur des changements : Contrairement à
ce que l'on croit généralement dans la branche politique, la branche
culturelle a au moins autant d'impact sur l'ensemble de la société, si ce
n'est plus. Le problème, c'est que les médias, le gouvernement, les
entreprises et même les universitaires ont tendance à toujours encourager
cette croyance qu'a la branche politique de sa propre importance. En
réalité, la force de la branche culturelle, qui permet de briser les sorts
jetés depuis des générations, s'exerce à des niveaux nettement plus
souterrains, mais tout aussi efficaces. Les mouvements sociaux ont réussi à
changer la société parce qu'ils ne se sont pas contentés de vouloir changer
les réglements; ils ont aussi cherché à comprendre ce qui se cachait
derrière ces réglements. En prenant leur distance avec l'ordre établi, les
mouvements sociaux ont compris que quand on cherche à changer la culture du
passé, on ne peut pas se contenter des solutions qu'elle propose. Il faut
découvrir ses propres solutions ou les inventer. En
effet, «résoudre de nouveaux problèmes avec d'anciennes méthodes n'est
généralement pas très approprié».

«Il faut un certain génie pour réussir à nommer ce qui n'a pas de nom car si
vous le faites avec sincérité et au bon moment, les millions de personnes
qui jusqu'alors étaient totalement hypnotisées et stupéfiées par ce problème
vont d'un seul coup se réveiller.» L'originalité et la force de Martin
Luther King a été de casser le cadre traditionnel des revendications des
Noirs américains en montrant à quel point la ségrégation raciale était
contradictoire avec l'idée que les Etats-Unis se faisaient d'eux-mêmes. Il a
ainsi pu rallier à sa cause une partie de l'opinion américaine. De même, le
mouvement féministe a su interroger la société toute entière et remettre en
cause les
schémas culturels établis.

5 Choisir son camp

Le mouvement féministe impose à chacun de s'interroger sur sa manière de
vivre son couple, parce que «le privé est politique». Comme le dit le
chanteur et poète Julos Beaucarne (qu'on identifie sans hésiter comme un
Créatif culturel)»: «Le militantisme est important. La déviation du
militantisme, c'est d'aller à une manif pour la paix, et puis tu rentres
chez toi, le bébé pleure, tu lui donnes une gifle...»
L'un des héritages les plus importants des mouvements sociaux des années 60,
c'est l'idée qu'en militant pour les autres, on milite aussi pour soi - et
qu'on ne peut exiger des autres ce qu'on n'exige
pas de soi-même.

Les Créatifs culturels décrits par Ray et Anderson portent la même attention
au monde qu'à eux-mêmes. Ils n'ont pas l'impression de perdre leur temps
lorsqu'ils cherchent à améliorer leur manière de vivre, à parfaire leur
équilibre intérieur. L'équilibre global est le reflet de l'équilibre
personnel»; à l'inverse, quand la planète va mal, l'homme souffre. Dans un
texte consacré aux manifestations
québécoises d'avril 2001, l'activiste américaine Starhawk témoigne de ce
rapport inquiet entre l'intime et l'univers : «Dans la beauté des bois, dans
la paix du matin lorsque je m'assieds dehors et écoute les chants d'oiseaux,
en chaque lieu qui devrait donner un sentiment de sécurité, je sens le
courant qui nous mène vers une chute irrévocable, une catastrophe
écologique/économique/sociale de dimension épique.»

Se battre pour la bonne santé de la terre nourricière, c'est aussi se battre
pour sa sérénité intérieure. En somme, tout est dans tout. Il s'agit, au
sens premier du terme, d'une vision profondément religieuse du monde :
«C'est là un aspect de ce que les Créatifs Culturels recherchent, écrivent
Ray et Anderson»: une façon de se rappeler qu'ils ne sont pas seuls, une
manière de tisser de nouveaux modèles, de nouvelles figures dans le grand
tissu social, tisser des lignes de vie qui relient les générations entre
elles.» L'imaginaire se voit assigné une fonction mythique que sa dilution
dans le divertissement tend à faire oublier.

6 Se changer soi-même

Les Créatifs culturels espèrent voir naître ce que Julos Beaucarne nomme
joliment «un monde télépathiquement épatant»»: «On est tous de la même
matière que l'univers, affirme le poète. On choisit ce qu'on écoute, ce
qu'on mange, on est ce qu'on mange, on choisit son camp, on
choisit des musiques diaboliques ou des musiques qui nous construisent.
Choisir son camp, c'est d'abord peut-être un grand principe : il y a une
loi, qui n'en est pas une, c'est qu'il y a le positif et le négatif. Dans
tout ce qui flotte autour de nous, il y a beaucoup de choses négatives qui
peuvent entrer dans notre peau (.)
Parce que le psychisme est terriblement puissant. On envoie des pensées tout
le temps dans l'espace. On peut envoyer des pensées négatives, sur quelqu'un
par exemple, il peut se casser la pipe en descendant l'escalier parce qu'il
est fatigué ce jour là. On peut envoyer de l'amour aussi. C'est là où on
choisit son camp.»

Cette manière de voir le monde est souvent caricaturée sous le terme New
Age. Il est facile de se moquer de ces gens qui passent leur temps sur un
tapis de yoga en mangeant de la nourriture végétalienne au son d'une musique
relaxante»; «il est facile de s'arrêter uniquement aux
excès de la vulgarisation, la spiritualité "syncrétique" et la psychologie
de comptoir dont certains médias adorent se gausser. Mais confondre ainsi la
surface du mouvement et sa substance profonde est une erreur. (.) il est
nécessaire de bien faire la différence entre la masse croissante de ceux qui
sont à la recherche de nouvelles sensations, d'un parfum nouveau pour leur
vie ou de quelque chose d'authentique d'une part, et d'autre part les
adeptes de longue date qui ont appris petit à petit à vivre une vie
"authentique", à transformer leur vie en profondeur en fonction de ce qu'ils
ont appris.» En effet, «on peut se mettre à de nouvelles idées, s'initier à
de nouvelles techniques ou se trouver un nouveau hobby en quelques semaines,
mais il faut des années, voire des décennies pour se changer soi-même.»

L'articulation entre l'activisme social et la recherche d'un équilibre
intérieur, évidente pour tous les Créatifs culturels présentés dans le
livre, n'a pas toujours été évidente. Paradoxalement, dans les années 60 et
70, il fallait choisir, établir un ordre de priorité»: «Tandis que les
militants politiques manifestaient contre la bombe, les hippies gobaient des
acides, résument Ray et Anderson. Tandis que des étudiants faisaient des
sit-in devant des restaurants racistes du sud, d'autres écoutaient sagement
les enseignements du zen. Et tandis que des femmes se rassemblaient en
groupes de prise de conscience, d'autres apprenaient les techniques des
médecines douces ou les massages
traditionnels. Tout au long des années 60 et 70, les explorateurs de la
conscience et les activistes sociopolitiques donnent l'impression de deux
pôles opposés. Et bien qu'il y eut quelques altercations, dans l'ensemble
ils s'ignoraient plutôt les uns les autres. Chaque mouvement se voyait comme
l'apothéose de ce qui était essentiel dans la vie».

7 "Je ne veux pas être Spartacus"

Bon, il ne faut quand même pas rêver»: les militants-militaires, qui
oublient de vivre pour mieux sauver le monde, existent toujours. Le
journaliste tunisien Taoufik Ben Brick décrit «ces militants
professionnels, qui triment pour la bonne cause avec une allure grave, et
qui ont une sorte de mépris pour tout ce qui ne leur ressemble pas»»: «Ils
veulent que ta subjectivité rentre dans leur moule. Il y a finalement chez
ces gens-là un côté conservateur, conformiste»: selon eux, on n'a pas le
droit d'aimer la nuit, d'aller voir du côté des petites choses de la vie.
Pourquoi y a-t-il un militantisme puritain, ascétique, merdique»? Est-ce
qu'il faut forcément avoir été bouffé par la vie de chien que l'on nous a
fait mener»? Ce sont des gens qui ont oublié les valeurs du poète»! La
liberté, il faut l'arracher chaque jour de la vie.» Ben Brick incarne, par
sa verve, son ironie, sa poésie, un autre idéal de militance»: «Je ne veux
pas être spartacus.
Je ne veux pas être un porte-parole. Je veux être un troubadour. Je suis
libre, de la liberté violente de celui qui s'enivre. On m'accuse d'être
excessif, mais je ne peux qu'être excessif. Cette liberté peut
me nuire, mais je me régale. Je veux que ma parole soit du côté de la vie
contre l'ordre, qui est une folie.» (Charlie Hebdo, 22/11/2000)

A l'image de Ben Brick, les Créatifs culturels refusent de sacrifier la
complexité de la vie au nom d'un idéal politique pur et peut-être
inaccessible. Ils n'attendent pas la révolution demain, ils la font
aujourd'hui. A la différence de ces anars qui annônent les ouvres complètes
de Bakounine en attendant l'Insurrection qui a encore raté le train, les
Créatifs culturels mènent une insurrection personnelle jour après jour. Leur
combat, c'est des petits riens, mais ces petits riens changent leur vie, la
vie de leurs proches, et par extension la vie du monde entier»; moins
spectaculaires que les révolutionnaires professionnels, ces nouveaux
militants ont remplacé la rhétorique par l'action.

Dès lors, les revendications ne sont plus les mêmes. Exit le culte de la
Révolution qui a fait tant de ravages - qu'elle ait eu lieu et débouché sur
l'improbable dictature du prolétariat ou qu'elle soit
toujours reportée aux lendemains qui n'en finissent plus de chanter. Adieu,
les mirages, maintenant il s'agit de se coltiner au réel. La révolution
devient quotidienne. Exit les ennemis du peuple ou du
parti, il n'y a pas besoin d'ennemi tout-puissant pour éprouver sa propre
puissance. Que vive la «rêvolution»!

9 Do or die

Les Créatifs culturels se définissent d'abord par ce pour quoi ils militent
: «les bases de l'identité collective se sont déplacées, écrivent Ray et
Anderson, glissant de la "contestation" vers une
vision plus positive et volontariste des choses, de l'activisme et de
l'avenir. Il a fallu presque deux décennies pour que les mouvements "contre
la guerre" deviennent des mouvements "pour la paix", ou pour que les
mouvements féministes finissent par se détacher des accusations et de la
haine systématiques envers les hommes pour mieux se (re)définir de façon
affirmative, en fonction de ce pour quoi elles étaient.» Il s'agit
d'inventer une nouvelle manière de vivre. Le terme, archi-usé, d'alternative
reprend ici tout son sens. L'utopie devient enfin concrète.

D'après Ray et Anderson, la terre vit une époque de transition.
Plusieurs scénarios sont possibles, qui vont de la destruction pure et
simple de la planète (si le modernisme libéral continue à faire des ravages)
à la mise en oeuvre d'une nouvelle culture soucieuse de ce qu 'elle laissera
en héritage «à la septième génération à venir». Tout peut arriver,
expliquent les chercheurs»; il est probable d'ailleurs que les prochaines
années voient l'humanité osciller entre ces deux scénarios extrêmes. Comme
le disait Martin Luther King»: «Nous devons
apprendre à vivre ensemble comme des frères ou périr ensemble comme des
idiots». En anglais, une expression lapidaire résume le choix qui se
présente à nous»: «do or die», agis ou meurs.

Or, estiment les auteurs, si les Créatifs culturels ne prennent pas
conscience de leur force, s'ils ne se comptent pas, s'ils sous-estiment leur
influence, s'ils ne comprennent pas qu'ils sont en mesure de faire évoluer
la manière de voir le monde de ceux qui les entourent, le scénario le plus
pessimiste risque de se vérifier. «Ce qu'il faut, concluent les chercheurs
américains, abandonnant le ton du
constat, c'est que chacun d'entre nous, avec ses qualifications
particulières, ses savoirs et sa sagesse les plus précieux, sa curiosité,
son empathie et son intelligence, s'implique. (.) Le nouveau discours qui se
met en place, la nouvelle histoire que nous sommes en train d'écrire
demandent des dizaines de milliers de conteurs, et deux fois plus encore de
personnes qui s'en inspirent.
(.) On peut dès maintenant se mettre à imaginer une culture qui ait
suffisamment de sagesse pour réussir à trouver son chemin et effectuer cette
traversée jusqu'au bout, et réfléchir au rôle que nous voulons jouer dans ce
processus. Ce n'est que le premier pas.»

Dans un texte écrit peu après les attentats contre les Etats-Unis, Starhawk
annonce»: «Il est possible que la chose la plus radicale que nous puissions
faire en ce moment est d'agir à partir de notre vision, et non à partir de
la peur, et de croire en la possibilité de sa réalisation. Toutes les forces
autour de nous nous poussent à baisser le rideau, à nous isoler, à faire
retraite. Au lieu de cela, il nous faut avancer, mais de manière différente.
Nous sommes appelé(e)s à faire un saut dans l'inconnu.»

 Sylvain Marcelli
 

article 2:
source: http://www.agirpourlenvironnement.org/ape/planete_vivable.htm

Appel pour une planète vivable

La destruction progressive de notre environnement, la pollution de l'air, de l'eau ou des sols ne sont pas inéluctables. Il est possible de vivre dans un environnement sain sans revenir pour autant à l'âge de pierre.
Depuis des décennies, des millions de personnes, des centaines d'associations et de mouvements se mobilisent pour protéger les sources même de la vie, pour que la protection de l'environnement constitue un objectif fondamental des politiques publiques, pour que s'affirme le besoin d'un développement durable et solidaire.

Une prise de conscience se dessine progressivement et une forte sensibilité s'affirme pour un monde plus respectueux de ses habitants et de leur avenir.
Pourtant, dans un monde dominé par la logique économique de court terme, les destructions s'étendent, l'effet de serre et la désertification s'accroîssent, les ressources naturelles s'épuisent, les apprentis sorciers de la technologie font des paris sur des milliers d'années. A l'aube du troisième millénaire, un air sain, une eau potable, une nourriture sans danger ne sont même plus garantis dans les pays dits "développés" qui tentent pourtant d'étendre leur modèle de développement à l'ensemble de la planète.

Un monde vivable passe par une redéfinition du mode de développement. Il implique que l'eau, l'air, les milieux naturels soient protégés. Nos choix énergétiques, industriels, de consommation, de transport ou d'aménagement du territoire doivent être revus en conséquence.

Une opinion publique informée et consciente peut peser sur les décideurs politiques et économiques pour qu'ils prennent en compte l'aspiration de tous à vivre dans un monde vivable au Nord comme au Sud de la planète.

Déjà des campagnes d'actions en Europe ont permis d'obtenir des résultats : abandon des projets de barrage sur la Loire, obligation du pot catalytique, interdiction du trafic international des déchets...

Pour renforcer aujourd'hui ce mode d'action, nous interpellons les élus, les entreprises, les institutions. C'est notre responsabilité de citoyens, c'est le sens de cet appel.

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